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Nader Alami est un psycho-sexologue passionné par l’évolution du couple à travers l’espace et le temps. Dans cet épisode, il partage un regard éclairant sur certaines réalités méconnues de notre société.
Transcription
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Noureddy
Nader, salam alaykoum wa rahmatoullah wa barakatouh, que la paix soit sur vous.
Nader Alami
Alaykoum salam wa rahmatoullah wa barakatouh.
Noureddy
Comment allez-vous ?
Nader Alami
Alhamdoulilah. Merci de l’invitation.
Noureddy
Merci beaucoup. Mais c’est moi qui devrais vous remercier, franchement, de m’avoir accueilli et invité. Et franchement, pour le sujet d’aujourd’hui, qui je pense est assez méconnu de la plupart des gens. Franchement, c’est vraiment un honneur pour moi d’être présent ici.
Nader, s’il vous plaît, est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Nader Alami
Oui, alors… Moi je suis d’abord, je viens du département d’histoire des universités. J’ai d’abord été intéressé, curieux de l’histoire de l’humanité. Donc je suis allé jusqu’en doctorat. Puis ensuite, de là j’ai bifurqué vers la sexologie. J’ai fait d’abord un petit passage à Los Angeles au Center for Healthy Sex où j’ai rencontré les premiers professionnels que j’ai pu rencontrer. Et ensuite… j’ai été à Paris donc l’école de psychosexologie Paris où j’ai continué ma formation, tout ça interrompu par des voyages parce que je voulais en même temps étudier la question du couple à travers l’espace et le temps.
Je voulais voir comment s’organise le couple dans telle région d’afrique dans telle région d’asie dans telle région d’amérique et dans telle région du monde arabe et là je continue, je vais reprendre, voilà.
Ça ne s’arrête jamais parce que même la question du couple par exemple en Scandinavie celle qui était celle des vikings et donc ce qu’on appelle le haut moyen-âge jusqu’à aujourd’hui, en Suède par exemple, voilà elle a évolué voilà donc je continue c’est ça qui m’intéresse je suis intéressé par la question du couple.
Noureddy
D’accord un étudiant donc dans les questions des couples.
Nader Alami
Toujours donc je suis praticien. Je suis suis psychosexologue praticien. Je reçois des couples ou des gens célibataires pour traiter avec eux ou bien leurs troubles liés à la sexualité, ou bien faire de la thérapie de couple, parce qu’il arrive parfois que les couples s’entendent très bien sexuellement, mais il y a d’autres problématiques au sein du couple.
Et aussi, j’ai fondé celiberezvous.com, la nouvelle école de l’amour et du couple, qui a vocation à proposer des formations en ligne, en présentiel, la prochaine étant, qui sera publiée en ligne bientôt, les 7 clés infallibles pour sortir du célibat.
Noureddy
Qu’Allah vous facilite pour cette formation.
Très bien. Vous avez dit quelque chose qui m’a assez intéressé, c’est que vous avez dit qu’il se peut qu’un couple soit… sexuellement épanoui et sexuellement en bonne santé alors que dans d’autres aspects, il peut y avoir des problèmes.
C’est assez intéressant parce que j’imagine mal personnellement un couple qui a des problèmes être… comment dirais-je, épanoui sexuellement c’est ça donc être à l’aise sexuellement alors que d’autres ailleurs donc dans les autres aspects de leur vie ils sont en désaccord enfin comment on peut être…
Nader Alami
C’est assez souvent le fait de gens qui se sont mis en couple, surtout pour la raison sexuelle. Ils ont oublié que faire couple, vivre en couple, la sexualité est certes une part importante, mais elle n’est pas la seule. Il n’y a pas que cela qui fait qu’on vit une relation de couple harmonieuse.
Et quand je dis harmonieuse, je n’écarte pas les épreuves que peut traverser un couple. Il arrive qu’on se rende compte que la bonne entente sexuelle, si importante soit-elle, n’est pas suffisante. Et donc, on ne peut pas se mettre en couple, vivre en tout cas une relation de couple harmonieuse, si on ne se base que sur la sexualité. Beaucoup de gens pensent que la sexualité résout tout. Elle participe à la résolution des problèmes, certainement, mais elle n’est pas suffisante.
Noureddy
D’accord.
Ce que vous dites me fait penser à un hadith du Prophète qui nous dit que pour la choix de la femme elle doit être privilégiée l’aspect privilégié de la femme qu’on choisit c’est vraiment sa foi. Donc, le hadith qui nous dit qu’on marie une femme pour quatre raisons. Donc, sa lignée, sa richesse, sa beauté et sa foi. Et donc, le Prophète nous exhorte à choisir celle de foi.
Nader Alami
Exactement. C’est-à-dire qu’il faut… choisir sa femme ou son mari, en considérant évidemment qu’avoir les mêmes valeurs, donc pour les musulmans, la foi est importante, hyper importante. C’est comme construire sa maison sur des fondations beaucoup plus solides que si on ne partage pas les mêmes valeurs.
Ce hadith là il est merveilleux. Il tiens compte des piliers qui vont faire le couple.
Noureddy
D’accord. Vous disiez tout à l’heure que le côté sexuel participe au bon fonctionnement du couple, mais là, à l’instant, on vient de dire que la foi est une base extrêmement solide pour le maintien de ce couple. Est-ce que c’est logique de dire que… Enfin, pas logique, je dirais… Est-ce envisageable pour un couple… d’être lié par la foi en mettant de côté la sexualité ?
Nader Alami
C’est possible si les deux partenaires ne sont pas sexophiles ou intéressés par la chose sexuelle. Par contre, si l’un ou l’autre est très intéressé, très porté par la chose sexuelle, c’est compliqué, ça mettra le couple en péril.
C’est-à-dire qu’il ne faut pas négliger non plus, c’est pas parce que je disais que c’est pas la seule chose qui est importante, il ne faut pas négliger que c’est aussi important, pas pour tout le monde. Les gens pensent que c’est pour tout le monde, ce n’est pas vrai. C’est important pour les gens pour qui c’est important tout simplement.
Vous avez des hommes qui c’est une chose très importante. Vous avez des femmes pour qui c’est une chose très importante. Et ces hommes et ces femmes pour qui c’est très important, si vous ne contribuez pas à leur épanouissement de ce côté là ça mettra… Ça peut mettre le couple dans une situation inconfortable.
Noureddy
D’accord.
Nader Alami
Il faut voir avec qui vous êtes. Est-ce que vous êtes avec une personne pour qui c’est important ? Est-ce que vous êtes avec une personne pour qui c’est moyennement important ? Ou est-ce que vous êtes avec une personne pour qui c’est complètement très secondaire et même plus intéressant s’il n’y a pas de relation sexuelle ?
Vous avez des gens pour qui la relation sexuelle n’est pas importante du tout et ils s’en passeraient bien ce qu’on appelle par… par exemple les asexuels. Et vous avez des gens qui sont asexuels. Moi, je rencontre dans ma consultation des gens, hommes, femmes, qui sont asexuels. Le problème, c’est quand l’autre ne l’est pas.
Noureddy
Et j’allais justement y venir. Donc, comment… Pour le cas des couples dont un membre est asexuel et l’autre, on va dire, qui est dans l’extrême opposé du spectre, on va dire, comment… Comment c’est gérable ce genre de…
Nader Alami
C’est pas du tout gérable. Généralement, je vous parle des cas que j’ai, généralement, ça se termine par une séparation, ou alors ça reste avec de la tromperie, de l’infidélité, mais ça ne fait pas un couple qui, soit continue, soit dans lequel il y a de l’infidélité.
Noureddy
D’accord. Et est-ce qu’il y a la possibilité pour un membre comme de l’autre du couple ? De s’adapter en cas de petit écart ?
Nader Alami
C’est possible avec les gens pour qui c’est moyennement important. Mais là, vous avez pris deux extrêmes. C’est très difficile pour quelqu’un qui est totalement sexophile, quelqu’un qui est pleinement dans la recherche de l’apaisement par la sexualité, du jeu par la sexualité, voilà… Encore une fois, homme ou femme. Et quelqu’un pour qui c’est totalement inutile, pas important, qui n’est pas… C’est très, très difficile pour ces deux extrémités. Pour quelqu’un qui se trouverait entre les deux, on peut trouver plus facilement des aménagements.
Noureddy
D’accord. Très bien. Je voudrais qu’on aille plus en détail, bien sûr dans la limite du secret médical, des cas que vous recevez. Est-ce que vous pouvez nous décrire votre patientèle ?
Nader Alami
Elle est assez variée, moi ma patientèle dans la mesure où je suis essentiellement à Paris, même si je me déplace beaucoup ailleurs. Paris est une ville où il ya beaucoup de liberté. Ma patientèle est diverse et variée elle est depuis on va dire 15 ans donc j’ai eu le temps de voir beaucoup de gens et même tout en continuant à découvrir puisque c’est un monde en perpétuel changement et véritablement ça va du tout au tout.
Ça va de, si vous voulez, on peut passer justement de la personne qui est totalement asexuelle et qui est dans un couple où effectivement Eh bien, ça pose problème jusqu’à la personne qui est dans le plus, dans le libertinage le plus complet. Il n’y a plus de limite à la découverte. Et là, ça pose un autre problème puisque la personne se retrouve dans une quête de sens qu’elle a perdue et se rend compte que son extrait de libertinage ne la rend pas heureuse.
Vous voyez, donc, vraiment, ça va du tout au tout, et au milieu de tout ça, j’ai des couples aussi qui viennent me voir pour des questions de fidélité, qui viennent me voir pour des questions de gestion des affaires quotidiennes du couple, qui viennent me voir parce qu’il y a un trouble du désir à l’intérieur du couple, c’est-à-dire qu’ils ne se retrouvent plus, n’ont plus d’activité sexuelle ensemble, qui viennent me voir pour la sexualité de leurs enfants, qui sont inquiets. C’est vraiment très large.
Noureddy
D’accord. Je voudrais revenir sur les profils. Là, on a décrit un petit peu quelques cas que vous examiniez. Les profils de vos patients, ce sont plutôt des jeunes, ce sont plutôt des moins jeunes, est-ce qu’ils sont parisiens ? Musulmans, non musulmans, puisque nous on est dans un blog qui parle de de paternité et d’islam. Donc c’est quoi les profils en termes d’âge, peut-être de catégorie socio-économique ou ce genre de choses aussi ?
Nader Alami
En termes d’âge, le plus on va dire, c’est des gens qui sont installés dans la vie active, davantage que des gens qui sont des étudiants qui sont encore beaucoup plus jeunes c’est des gens qui sont déjà installés qui sont soit en couple, soit qui se sont séparés, soit qu’ils veulent revenir en couple, soit qui ont des problèmes et à leur personnalité propre, à leurs questionnements propre au niveau de la sexualité.
C’est des gens donc plutôt installé confortablement sur le plan social et je dirais que 10% de ma patientèle seulement, malheureusement, est musulmane, parce que je pense que ce n’est pas encore peut-être entré dans la…
Noureddy
Dans les mœurs peut-être.
Nader Alami
…dans les mœurs, d’aller consulter. Mais ça progresse chez les musulmans. Il y a de plus en plus de gens qui se disent qu’il faut consulter. Parce que les questions sont les mêmes. En fait, les problèmes sont les mêmes, les réponses ne sont pas forcément les mêmes. Il faut s’adapter en fonction de la patientèle, évidemment. Mais les questions, les problèmes, toutes les personnes qui vivent dans un milieu commun rencontrent les mêmes types de problèmes. C’est ensuite la réponse qui sera évidemment adaptée pour une meilleure compréhension, un meilleur retour à l’équilibre.
On est évidemment amené à considérer les gens dans leur culture, dans leur croyance. dans leur façon de voir le monde, à partir de la façon dont ils se sont construits eux-mêmes, tout cela est évidemment important. Mais ça, c’est les réponses. Quant au problème, et c’est pour ça qu’il y a de plus en plus de musulmans, et je m’en félicite, qui considèrent que si on n’y arrive pas tout seul (il faut toujours commencer tout seul), à un moment donné, il faut chercher si on peut se faire aider par un professionnel.
Noureddy
D’accord. Est-ce que vous avez un exemple de cas similaires entre un musulman et un non-musulman, et les deux manières que vous avez proposées une solution à ce problème identique chez le musulman et le non-musulman ?
Nader Alami
Donc, des cas entre, par exemple, le même cas, le même type de cas, mais entre une famille, on va dire, musulmane, un couple musulman, et un couple qui ne l’est pas ?
Noureddy
Exactement.
Nader Alami
Eh bien, oui, pour moi, c’est sur, justement, la question, on va dire, de…
Voilà, j’ai l’exemple d’un couple qui était venu… pour le même problème, et il était qualifié, ce problème, par deux femmes, deux femmes, une musulmane, une non-musulmane, qui décèlent ce qu’on appelle le micro-pénis. Mon époux a un sexe de petite taille, je considère qu’il a un sexe de petite taille, ça ne contribue pas à ma satisfaction.
À partir de là, pour un couple, disons non-musulman, c’était pas envisageable de lui citer un hadith du prophète Mohammed. Ça ne fait pas partie de la croyance de la personne. Alors que pour le couple musulman il était davantage possible de lui présenter ce hadith où le Prophète Mohammed, une femme vient [le voir pour] se plaindre de cela.
Déjà j’en profite pour bien montrer que c’est la preuve même qu’au temps du messager (paix et bénédiction sur lui), on pouvait parler de ces choses de manière évidemment correcte et qu’on parlait de ces choses. On ne les mettait pas sous le tapis. Et c’est même Aïcha, qui a fait rentrer cette femme. Et cette femme a pu se plaindre au prophète, disant : « j’étais mariée avec untel, ça se passait très bien. Puis, j’ai divorcé de ce untel, je me suis marié avec cet autre. Et là, j’ai constaté qu’il avait justement un membre d’une petite taille. » Et le Prophète (paix et bénédiction sur lui) lui a conseillé, tout de même, dans un premier temps, de goûter à son miel pour reprendre l’expression et à essayer donc de faire en sorte que la chose dure et d’amener à l’épouse de la patience, et à voir un peu les choses d’un autre côté.
Voilà, donc là, ce qui peut être cité dans un cadre ne peut pas être cité dans un autre parce que c’est les… on ne vient pas de la même source. Il faut l’entendre. Un thérapeute doit prendre cela en considération. Il faut respecter toutes les croyances des individus, les valeurs des individus, et les accompagner dans le cadre même de leurs valeurs. Parfois les amener à remettre en question certaines positions, certaines choses, évidemment. Mais il faut que ça vienne d’eux. La meilleure façon pour que ça vienne d’eux, il faut partir, me semble-t-il, de ce cadre dans lequel ils ont eux-mêmes grandi. Je pense que c’est très important.
Noureddy
D’accord. Merci beaucoup pour ces… précisions et je voudrais revenir justement sur cette question : qu’est ce que vous auriez répondu au couple non-musulman par rapport à cette question, parce que là vous nous avez présenté donc le…
Nader Alami
Oui. Pour l’autre [couple non-musulman] il faut d’abord s’entendre parce que les gens… Il faut savoir une chose c’est que malheureusement, beaucoup de gens sont influencés maintenant par les standards qu’ils voient dans les sites X, dans les films X sur Internet. Et qu’est-ce que c’est qu’un, pour beaucoup de gens, un micro-pénis ? C’est un pénis qui ne ressemble pas à ce qu’ils voient sur leurs écrans.
Donc, pour le premier couple, d’ailleurs, comme pour le deuxième, pour le coup, c’est plutôt similaire. « Comment en êtes-vous venu à cette conclusion-là ? Est-ce que vous savez à partir de combien on est dans ce qu’on appelle le micro-pénis ou pas ? » etc. Donc là, de l’autre côté, on était plus sur d’abord la définition propre des choses.
Mais ensuite, il n’y a pas que cela. C’est-à-dire qu’il faut voir aussi ce qu’on appelle la demande cachée. Parce que parfois, on vient, dit-on, pour une chose et il faut l’entendre, c’est important. Et ensuite le thérapeute doit voir si en réalité on ne vient pas pour autre chose. Vous voyez ? Et qu’il ait ce que j’appelle moi la demande cachée, et ce qui parfois est caché l’un à l’autre. Et parfois même caché à soi. C’est-à-dire qu’on est sincère dans sa demande, mais plus on va, justement, dans l’accompagnement, plus on s’aperçoit qu’en fait, il y avait autre chose, en fond, qui était… qui demandait justement à ressortir à être plus plus visible et donc ensuite à être traité. Et on s’aperçoit que c’est parfois pas la question du pénis et c’est autre chose qu’il fallait aller chercher.
Noureddy
D’accord. Vous soulevez un point qui me paraît assez important aujourd’hui. Donc on a mentionné les sites X, les films X. Est-ce que ces images auxquelles les gens sont exposés ont un impact, même le plus petit, sur la sexualité du couple ? Est-ce que les conséquences sont graves ? Qu’est-ce que vous pouvez dire par rapport à ça ?
Nader Alami
Écoutez, moi je vais vous dire ce que j’ai observé. D’abord, ils ont en impact, et ils ont un impact important. Alors, bien évidemment, il faut dire ici tout de suite que les couples qui viennent me voir sont des couples pour qui il y a un problème. Les couples qui vont bien ne viennent pas me voir. Ça va sans dire. Donc je ne peux pas parler pour tous les couples. Mais je peux en tout cas vous parler des problématiques que chez les couples qui sont venus me voir.
Et moi, il me paraît évident, aujourd’hui, qu’il y a un impact négatif. L’impact négatif, il est ici au moins double. C’est que vous avez… C’est surtout problématique, je l’ai vu, pas que les hommes, c’est surtout problématique chez des hommes qui, finalement, en ayant une consommation, disons, régulière, s’en trouvent dans un trouble de l’excitation et parfois même un trouble du désir. C’est-à-dire que ça débute… d’abord par, finalement, leur compagne les excitera moins comparé à ce qu’ils auront vu sur Internet, et que ça peut aller plus loin en ce sens que, non seulement elle les excitera moins, mais ça se termine par qu’elle ne les excite plus du tout. Donc là, on entre dans une problématique où vous avez des épouses qui peuvent s’en trouver totalement frustrées : « il ne me désire plus, je ne lui plais plus, il y a quelqu’un d’autre, il y a une autre femme à l’extérieur et il me trompe » etc.
Donc oui l’impact est assez visible. On aujourd’hui en 2025 assez de recul pour dire qu’il faut faire très attention. Et faut faire très attention à cela aussi quand on est célibataire. Assez souvent, vous avez de plus en plus, notamment dans la communauté musulmane, vous avez plus en plus de gens qui restent célibataires jusqu’à 40 ans, et je le dis à vos auditeurs, plus en plus, si on prend les hommes par exemple… on va prendre les femmes aussi, donc de plus en plus de gens qui restent célibataires jusqu’à cet âge, 40 ans, qui est quand même un âge important, qui en plus n’ont pas de vie intime, n’ont pas de vie sexuelle, aussi parce que ce qui respecte les valeurs de leur religion, la religion musulmane ici, et qui pour pallier ce manque affectif, vont consulter beaucoup des sites pornographiques.
Donc là, pour le coup, ils respectent moins les valeurs de l’islam. Peu importe, mais en tout cas, d’un point de vue de leur santé sexuelle, ça peut poser problème. Pourquoi ? Parce que ça pose problème très souvent, parce que le jour où ils entrent véritablement dans une vie de couple, dans une relation de couple, et bien, il s’en trouve que leur cerveau a été paramétré pendant toutes ces années, ça fait beaucoup quand même de 18 ans à 40 ans, ça fait un paquet d’années…
Noureddy
…22 ans.
Nader Alami
Et bien imaginez vous que pendant 22 ans il a essentiellement consommé ce type de contenu sur internet. Le jour où il arrive pour se marier, c’est compliqué. Ça risque que d’être compliqué d’être pleinement dans le désir d’une vraie personne.
Noureddy
Je m’étais fait la réflexion par rapport justement aux célibataires ici en France ou en Occident d’une manière générale. Leur exposition en fait aux… Notamment sur Internet par rapport au contenu X, mais même « dans la vraie vie ».
Ici, on est à Paris. Les abribus, quelquefois, donc… affichent des publicités pour des parfums, ou même des publicités pour sous-vêtements, je pense que c’est quelque chose qui peut allumer un petit peu ce désir. Donc ça, c’est une chose. Pire encore, les devantures de pharmacie, quelquefois, pour faire la publicité d’un médicament qui agit sur… Pour moi, c’est… Je me suis dit que ce sont des choses qui peuvent éventuellement provoquer ce désir et continuer à perturber le… Je ne sais pas vous, mais c’est une réflexion que je me suis faite.
Et bien sûr, j’en avais parlé dans un article. Pendant la période estivale, les femmes qui ont tendance à se vêtir plus légèrement, qui montrent leurs… Comment dire ça poliment ? Leurs atouts, j’ai envie de dire. Généralement, des pantalons très courts, des décolletés, ce genre de choses. Ce n’est pas quelque chose qui contribue justement à faire tomber la personne dans cette recherche, on va dire de contenu illicite sur internet, en attendant qu’il se marie et qu’il puisse profiter d’une sexualité licite, comme vous l’a dicté notre religion ?
Nader Alami
Pourquoi ne pas poser la chose dans l’autre sens ? C’est-à-dire que tout cela, tout ce que vous venez de décrire, pourrait lui faire dire « je vais me marier maintenant. » Pourquoi « en attendant de… », pourquoi remettre à plus tard ? Puisqu’il est dans le respect, s’il est dans le respect de ces valeurs-là, tout à fait, il y a d’autres gens qui veulent se marier. Allez voir parmi ces personnes qui, elles aussi, veulent se marier. Allez non pas regarder ce type de contenu. Chacun fait ce qu’il veut, mais il peut aussi, soit il ou elle, peut aussi choisir d’aller vers le mariage. Qu’est-ce qu’il en empêche ? Il n’y a absolument rien qui l’en empêche. Pourquoi faire ce choix-là ?
J’ai même envie de dire que si vous avez des choses qui vous stimulent, etc., etc., et qui vous disent : « tiens, il se passe quelque chose dans mon corps, dans mon esprit. » Bon d’abord, bonne nouvelle, ça veut dire que vous êtes en bonne santé. Et deuxième chose, qu’est-ce que vous en faites de cela ? Bon, il y en a qui effectivement vont aller se soulager, dirons-nous, par des contenus de ce type-là. Mais il y en a qui pourraient se dire aussi « tiens ça peut vouloir dire que je dois aller chercher à construire mon nid, mon projet de couple ». Je pense que c’est aussi ça qu’il faut, parce que c’est naturel.
Donc, votre corps, naturellement, vous pose une question, vous met face à quelque chose. Comment allez-vous y répondre ? On en revient à ce qu’on disait tout à l’heure. Les questions sont les mêmes. C’est votre réponse qui vous appartient. Vous n’êtes pas responsable de la question, vous êtes responsable de la réponse.
Noureddy
D’accord. Intéressant. Puisqu’on est encore dans… On va continuer un petit peu à parler des célibataires. Ils représentent une grande part de votre patientèle ?
Nader Alami
Pas de la patientèle forcément sexo, en sexo, en psychosexologie, mais beaucoup dans celiberezvous.com, la nouvelle école de l’amour et du couple, où j’accompagne des célibataires vers leur projet de couple. Et là, il y a beaucoup de gens de confession musulmane qui ont du mal, il est vrai, qui se posent des questions par rapport à cela et qui ont essayé plein de choses, notamment… les applications de rencontres, etc., etc., etc., y compris musulmanes, et qui en reviennent puisqu’ils jugent que ça n’a pas donné un résultat satisfaisant, à savoir les faire se rencontrer avec des personnes qui leur conviennent, qui ne leur conviennent pas.
Noureddy
Quels sont les problèmes les plus récurrents chez votre patientèle ?
Nader Alami
Alors vous avez chez les hommes, vous avez le trouble érectile. Vous avez des hommes qui à un moment donné de leur vie, ça peut être au tout début de leur sexuelle ou ça vient après, qui connaissent un trouble érectile, c’est-à-dire qu’ils n’ont plus une érection satisfaisante. Elle est là, mais elle ne dure pas assez dans le temps pour avoir une relation sexuelle satisfaisante.
Donc ça c’est quelque chose d’assez important et ce qu’il faut noter c’est que cela apparaît de plus en plus jeune. C’est à dire que ce qui apparaissait généralement il y a plusieurs quelques années encore en arrière chez les hommes qui avaient passé la cinquantaine, on s’aperçoit avec d’autres collègues que ça apparaît chez des hommes de plus en plus jeunes et là je parle d’hommes qui ont 24, 25, 26 ans. Voilà.
Il ya le trouble du désir : « je sais pas ce qui m’arrive, je n’ai plus envie de ma femme, j’ai plus envie de sexualité. »
Qu’est ce qu’il y a d’autre encore ? Alors chez l’épouse parfois, au sein d’un couple, il y a des questions relatives au vaginisme. La femme s’en trouve pour des raisons non organiques, psychologiques… Il y a impossibilité d’une pénétration. C’est fermé. C’est un mur pour des raisons… C’est soit, on parle de vaginisme primaire ou secondaire. Primaire, c’est-à-dire que dès le début de sa vie sexuelle, il y a eu cet empêchement. Secondaire, c’est qu’il y a eu d’abord une vie sexuelle, mais ensuite, il s’est passé quelque chose, peut-être un trauma, peut-être une agression, peut-être autre chose, qui a fait que, tac, ça s’est à ce moment-là fermé. Donc, plus de possibilité d’avoir une vie sexuelle avec pénétration. On peut faire autrement évidemment. Et donc là aussi ça se répercute sur la vie de couple, ça concerne la dame mais ça concerne aussi évidemment son époux, voilà. Il y en a d’autres mais je parle de ceux-là déjà.
Noureddy
D’accord. C’est les plus récurrents en tout cas ?
Nader Alami
Ouais. Trouble du désir, trouble érectile, vaginisme, mésentente dans le couple, la fantasmatique, l’infidélité. Oui, je vais dire infidélité, elle est là.
Noureddy
D’accord. Par rapport à des… Alors, l’infidélité, par rapport à quoi, c’est quoi le déclencheur, en fait ?
Nader Alami
Alors, l’infidélité, ça peut être plein de choses. C’est l’un des deux… a des relations sexuelles ailleurs que leur couple. Et vous avez aussi ce qu’on appelle de plus en plus la micro-infidélité, c’est-à-dire que l’un ou l’autre a des relations virtuelles, par Internet et par des communications très érotisées, voire plus, avec une autre personne, virtuellement, sans qu’il y ait contact physique. C’est une chose qui blesse énormément. L’autre, quand c’est découvert, c’est l’autre membre du couple. C’est considéré par beaucoup comme une véritable infidélité. Ce n’est pas : « non, non, non. Ce n’est que virtuel. »
Noureddy
D’accord. On en apprend beaucoup, franchement. C’est quoi les solutions aux problèmes que vous avez énoncés, généralement ?
Nader Alami
Les solutions sont forcément… Il faut faire attention avec ça, parce que elles sont obligatoirement adaptées à chaque couple.
Je peux vous dire moi que j’ai jamais rencontré un couple qui ressemble à un autre un couple. Un couple, c’est un système, c’est deux inconscients qui se sont rencontrés. Ensemble ils ont élaboré un nouveau système qui est le leur. Et il faut vraiment, avec eux, avec leur permission pleine et entière, entrer autant que faire se peut dans ce système « couple » pour essayer de voir d’abord la source même du problème.
Comme je disais tout à l’heure, par exemple, on parlait tout à l’heure de la demande cachée. Donc, il faut voir ensemble, avec eux, quelle est la question source et remonter. Et puis, on a des outils. Ça peut passer par… d’abord des outils comme l’EFT (Emotional Freedom Technique), des outils comme l’hypnose, des outils comme juste la conversation, des outils comme… Il y a tout un tas d’outils qui permettent à faire ressortir justement la question source, comme je vous disais.
Et on se rend compte parfois que vous avez des couples qui ne se sont réellement jamais vraiment parlé. Ils ne se sont jamais parlé. Et ils s’en rendent compte, j’ai même un plus loin, qu’ils ne se sont jamais vraiment regardés. Vraiment regardés dans les yeux. Vous voyez ? On entre en couple avec un système de défense. C’est-à-dire qu’on n’est pas pleinement, on ne s’autorise pas de se sentir pleinement en sécurité dans ce nouveau système. Pourtant ils contribuent à élaborer et donc apaiser un peu apaiser les choses.
Mais attention faut pas non plus écarter l’idée que parfois la solution c’est la séparation. Il ne faut pas s’arc-bouter en se disant : « non, non, non, il faut absolument régler. » Il ne faut pas se dire que régler la question, c’est forcément rester ensemble. On va toujours d’abord dans cette direction-là. Voilà. Mais il est arrivé que parfois, la solution, c’était de ne plus rester ensemble. Et ça aussi, il faut l’accepter.
Noureddy
D’accord. Le fait que la source d’une séparation soit d’ordre sexuel… enfin, elle me semble assez… comment dirais-je, triste en fait ?
Nader Alami
Comment vous dire ? Moi j’ai par exemple un couple qui, alors j’en ai quelques-uns dans ce cas-là, mais le dernier en date, je me souviens, puisque c’était il y a 3-4 jours. Vous avez un couple, il a 40 ans, elle en a 38. Tous les deux ne se sont jamais mariés. Et il se trouve que… il est asexuel. C’est-à-dire qu’ils viennent de se marier, et depuis deux mois, il ne l’a jamais touché. Et quelques tentatives ont totalement échoué. Le monsieur n’a pas eu d’érection. Et à partir de là, l’épouse a commencé à se poser des questions, notamment même sur l’orientation sexuelle du monsieur. J’en ai trois quatre comme ça, dernièrement c’est assez récent.
J’ai un autre cas de figure ou là c’est un couple d’italiens qui, madame, pareil, comme monsieur, il se plaisent, il se mettent en couple, il se marient, et elle se rend compte que son mari est homosexuel.
Donc… Dans ces deux cas de figure, les couples se sont séparés. Pourtant, ils se sont attirés, pourtant ils ne se sont plus, pourtant ils se sont séparés, pour des raisons liées à la sexualité, clairement. Vous avez des couples chez qui la même chose existe, et pourtant ils restent ensemble, et vous avez des couples pour qui non. C’est un motif pour votre séparation.
Noureddy
D’accord. Si vous devriez conseiller un célibataire, avant de se marier, justement à la lumière de ce que vous dites par rapport à la sexualité, par rapport à ce dont on a parlé au début de notre interview, par rapport à ce spectre-là, entre l’asexualité et une sexualité plus… Comment on avait décrit ça ?
Nader Alami
Plus ambitieuse.
Noureddy
Plus ambitieuse, on va dire plus ambitieuse. Donc est-ce que, d’après vous, c’est un critère important qu’il faut prendre en compte avant de s’engager avec une personne ? En plus de ce dont on a parlé par rapport au choix de la femme, par rapport à sa foi.
Nader Alami
Si on appartient à un bout ou à l’autre bout [du spectre], je pense que c’est important. Si on appartient à un bout ou à l’autre bout faut pas se mettre ensemble déjà. Il faut éviter de se mettre pense.
Alors mais il faut faire attention avec ça parce que sur je pense, surtout à celui dont on a dit que la sexualité est plus ambitieuse etc. Vous savez des fois ça peut cacher des choses et alors quelqu’un peut avoir tout à fait un grand désir parce que peut-être, pas toujours, peut-être ça traduit un désir d’enfant, ça peut traduire tout un tas de choses. Là encore la demande « qu’est ce que ça veut dire chez soi ? » donc essayez de voir.
Mais ce que je veux dire surtout c’est qu’il peut évoluer et passer de quelqu’un ou quelqu’une qui désire énormément à quelqu’un ou quelqu’une qui désire moins voire beaucoup moins. Il ne faut pas oublier que nous sommes quand même dans un environnement qui est assez, j’allais dire « toxique », oui, parce que l’alimentation qui est celle que nous connaissons, qui n’est pas vraiment très fortifiante, qui pose problème, il faut faire très attention à son régime alimentaire, avec l’air que nous respirons, avec le stress ambiant, avec la sédentarité, tout cela n’aide pas à une meilleure santé sexuelle.
Donc attention à l’évolution qui peut être une évolution négative qui, pour celui qui au départ à 20 ans et pense que… voilà, prendre tout cela avec… la sagesse. C’est bien la sagesse. C’est très très bien la sagesse.
Noureddy
D’accord. Donc là, vous mettez en lumière que la sexualité, c’est un levier parmi tant d’autres.
Nader Alami
Tout à fait. Il est important de ne pas se mentir à soi-même. Mais en tout cas, croire que c’est le seul, et c’est un sexologue qui le dit, moi, de ce que j’ai pu voir, c’est pas le seul.
Noureddy
D’accord. Pour revenir à notre question des personnes qui comptent s’engager et qui ont ce spectre à tenir en compte avant le mariage, ce n’est pas indiscret, voire… tabou d’en parler avant de s’engager ? Ça c’est des choses qui… Moi personnellement dans mon esprit, je me vois mal parler de sexualité aussi ouvertement à une fiancée.
Nader Alami
Oui. J’ai pu voir, vous avez raison de le dire, j’ai pu voir aussi que quand ça a été fait, ça a été pris très mal par l’autre. Mais c’est arrivé. Et donc ça reste délicat. Et moi je ne conseille pas d’en parler comme ça, de but en blanc, de manière aussi ouverte, faut avoir un peu d’éducation, quand même, ça dépend. On peut tomber sur une personne avec qui vous pouvez en parler ouvertement, voilà. Généralement, il faut savoir quand même se conduire, et là, moi, ce que je conseille surtout dans celiberezvous.com, la nouvelle école de l’amour et du couple… si vous voulez il y a la question de l’intermédiaire sérieux et bienveillant qui a toujours existé.
La question du mariage… je vous parlais tout à l’heure les voyages où je m’intéressais à la question du couple à travers l’espace et le temps. Il y a toujours eu cette clé de l’intermédiaire. Et l’intermédiaire, quand c’est une femme, une femme peut parler plus facilement de ces choses-là avec une autre femme, sans que cela soit, évidemment, avec les mots qu’il faut, etc. Et là il y a possibilité de voir si une personne est complètement de l’autre côté, plutôt vers la sexualité, ça n’intéresse pas du tout. Là on peut se dire, tiens, là on a quand même des informations qui vont permettre à ce que si l’autre… il est complètement de l’autre côté de vers la sexophilie, c’est hyper hyper hyper important, bon, on sait que ça sera quand même ça peut être un point de discorde et vaut mieux pas… en tout cas vaut mieux prévenir. Mais voilà.
Moi je crois beaucoup pas à cette clé de l’intermédiaire sérieux et bienveillant, je crois énormément. Et parce qu’on a choisi d’autres intermédiaires, parce que les applications de rencontre sont des intermédiaires, sauf que ce ne sont pas des intermédiaires sérieux et bienveillants comme je disais tout à l’heure. On a changé d’intermédiaire.
On parlait de religion tout à l’heure. Du temps du prophète Mouhammed, il y avait toujours des intermédiaires. Le Prophète (paix et salut sur lui) s’aussi marié à travers des intermédiaires, qui lui ont proposé notamment quand il était veuf, quand il avait perdu Khadija (que Dieu l’agrée). Et bien, c’est une femme qui va lui dire : « tiens, tu pourrais te remarier, il y a untelle » etc.
Vous voyez ? Donc, je trouve que l’une des grandes fautes, c’est de ne plus… considérer cette clé, qui est la septième dans la formation que je donne, de l’intermédiaire, et j’insiste : sérieux et bienveillant. Il y a la compétence et la bienveillance.
Noureddy
D’accord. Et par rapport à ces questions, on reste toujours dans la question justement de ce spectre-là, donc de la sexophilie ou au contraire de l’asexualité, c’est ça ? C’est pas quelque chose dont on parle devant ses parents, je suppose ? Les fiancés, donc leurs parents, je ne pense pas qu’ils acceptent ça dans un cadre, dans un contexte musulman.
Nader Alami
C’est-à-dire ?
Noureddy
C’est-à-dire… Je vois mal, personnellement, deux fiancés parler ouvertement de ce sujet-là devant leurs parents.
Nader Alami
Mais bon, oui. Ils n’ont pas forcément à en parler devant leurs parents, de ce sujet-là. Lui, ça ne concerne pas les parents.
Noureddy
C’est-à-dire ?
Nader Alami
Par intermédiaire, je ne voyais pas forcément les parents. Ça peut être une institution, ça peut être nous (les praticiens sexologues), ça peut être une amie ou un ami qui bénéficie de totale confiance chez qui on reconnaît de la sagesse. Voilà. C’est évident qu’avec les parents, il y a des questions générationnelles qui qui peuvent faire que non, il y a une barrière, voilà.
Il ne faut pas chercher à choquer les gens. La sagesse, justement, comme on parlait tout à l’heure, c’est de savoir à qui parler, quand parler, comment parler. Là, je ne pensais pas forcément aux parents, mais au contraire.
Noureddy
D’accord. Donc cet intermédiaire qui est distinct des parents, donc avant un engagement, vous pensez qu’il est plutôt… indispensable plutôt on va dire optionnel, moins… Comment vous le voyez vous ?
Nader Alami
Moi personnellement je le je le conseille vivement.
**Noureddy
Ah oui…
Nader Alami
Ah oui ! Vivement, vivement.
Je ne pense pas que… Je vous donne un exemple. Là, il y a, on va dire, deux semaines, chez nous, celiberezvous.com, la nouvelle école de l’amour et du couple, chaque semaine, on met en relation des gens. Très bien. Donc, moi, j’ai mis, par exemple, en relation deux personnes. Ça fait deux semaines. OK. Très bien. Moi, je vous fais le pari que si nous n’intervenons pas, ils risquent, ils peuvent en tout cas, entrer dans une espèce de faire connaissance qui va durer un an, voire plus. OK ? Le fait qu’il y ait un intermédiaire, le fait qu’il y ait une structure, c’est de temps à autre, on tape à la porte, on dit : « alors, où vous en êtes ? », et « on va vous aider à avoir les choses de manière un peu plus constructive. »
C’est ce qui nous intéresse, c’est la construction du projet. Ce n’est pas que ça tourne en rond, ce n’est pas qu’on continue de faire connaissance pendant trois ans. Vous voyez, à un moment donné, tout est réuni, très bien. « Vous avez des parents, vous avez des parents, madame ? Vous avez des parents, monsieur ? Très bien. Est-ce que vous voyez une objection à ce qu’on passe à l’étape supérieure ? Oui ? Ah, tiens donc, pourquoi ? Non ? Et bien alors bismillah ! »
Moi ,par exemple, je pense que faut pas d avant de faire entrer en ligne de compte l’entourage, la famille, etc. Je laisse trois mois pour faire connaissance. Je pense qu’en trois mois, on a fait le tour. Après, on aide. On aide. Ça peut durer plus. Si c’est trois mois, il n’y a pas de chiffre comme ça où tout s’arrête. Mais il faut donner un cap. L’idée, c’est ici de donner un cap. Voilà. Je ne vous conseille pas de rester… face to face.
Noureddy
D’accord. Donc il y a un intermédiaire donc qu’il fasse…
Nader Alami
Je le conseille. Quand on est dans un projet, de mariage, attention…
Noureddy
Oui, bien sûr.
Nader Alami
Si vous avez un autre projet ça vous regarde. Je ne suis pas policier, mais si vous êtes dans un projet vie de couple, je vous conseille.
Noureddy
D’accord, très bien. On arrive bientôt à la fin. Par rapport à tout ce qui a été dit, c’est quoi les conseils que vous pourriez donner aux couples de demain, aux célibataires d’aujourd’hui et les couples actuels pour avoir une vie sexuelle épanouie ? On va commencer par les célibataires, par exemple, par rapport à leur…
Nader Alami
Les célibataires qui veulent… qui ont pour projet de rester célibataires, c’est une chose. Et je pense que vous en avez beaucoup. Que cela soit dit… ou pas, que cela soit conscientisé ou pas.
Mais le fait est que, bien qu’ils soient musulmans, bien qu’ils se réclament des valeurs musulmanes, il se trouve qu’ils ne veulent pas, ils et elles, ne veulent pas se marier. Parce que pour eux, se marier, ce n’est pas une nécessité. J’en avais pas mal qui me disent : « oui mais le mariage c’est 50% de la religion », et bien ils continuent à le dire. C’est pas parce qu’on dit une chose qu’on y croit vraiment. Ce que l’on croit doit se transformer en action. Si ça reste du verbe, c’est que finalement on n’y croit pas tant que ça. Voilà, donc ça c’est un cas de figure.
Moi je pense qu’aujourd’hui, la vie de couple est réservée uniquement à 10% des gens. Je pense que la plupart des gens ne sont pas aptes à la vie de couple. Je suis très très… pessimiste par rapport à cela, mais en même temps, c’est une évolution sociétale. Et quant à ceux qui veulent vivre en couple, je leur dirais que si leur méthode ne marche pas il faut la changer. On ne garde pas une méthode qui ne marche pas sinon ça veut peut-être aussi dire que finalement on n’a pas véritablement envie donc de revoir… d’oser, de s’avouer « je veux je veux pas. » Si je veux vraiment et que la méthode ne marche pas, je réajuste ma méthode. Il ne s’agit pas s’enfuir. Il ne s’agit pas de se transformer en quelqu’un que nous ne sommes pas, mais il s’agit juste de méthode.
Vos critères sont des critères bien sérieux. Prenez en considération le monde tel qu’il est aujourd’hui. Ça, beaucoup de gens, vous savez, on a parlé pas mal de religion dans ce podcast. En fait, Mohammed (paix et salut sur lui) disait : « Demandez à Dieu de lui montrer le monde tel qu’il est », non pas tel qu’on croit qu’il est, tel qu’on voudrait qu’il soit. Et beaucoup de gens ne font pas cette prière-là et pensent que le monde est tel qu’ils le voient, tel qu’il voudrait qu’il soit. Donc, il faut avoir cette capacité de savoir lire, savoir lire le monde, par exemple, et se dire qu’effectivement, seuls 10% des gens sont aptes à la vie de couple. Très peu la veulent vraiment.
Aujourd’hui, je pense que l’individualisme est devenu quelque chose de très très important. Beaucoup de gens, y compris pour les gens qui se réclament de la religion musulmane.
Noureddy
D’accord. Et des conseils, donc, pour les couples d’aujourd’hui ?
Nader Alami
Pour les gens qui sont déjà en couple, alors considérez, je dirais moi, cinq choses qui sont importantes :
- La régularité dans la vie intime, c’est important.
- Prendre le temps aussi régulièrement de se parler, prendre un temps pour se parler.
- Avoir une activité ensemble, très important, pour une activité qu’on cultive ensemble, qu’on aime bien toi et moi.
- Avoir de l’admiration pour l’autre, c’est important. Que vous ayez quelque chose qui est vraiment, chez l’autre, que vous trouvez extraordinaire, vous l’admirez pour cela.
- Et enfin, être prêt, prête à la désillusion et savoir s’y adapter. Ça, c’est la marque des grands, la marque des gens qui sont très intelligents. Savoir que finalement, l’autre, c’est un être humain, pas plus que ça, pas plus qu’un être humain. Et l’accepter, et s’y adapter.
Si finalement, dès que « ah, je ne vouyais pas trop les choses comme ça », je renverse la table et ça ne m’intéresse plus… vous passerez par cette étape-là, de voir que la désillusion tombera. Et la désillusion dit qu’il y a eu illusion et on pourrait croire alors que c’était pas vrai. Non. C’est juste que, et là on part sur du Schopenhauer, Arthur Schopenhauer qui nous disait que finalement, la création, la nature, fait qu’il y a cette illusion pour que les hommes et les femmes s’attirent et à la fin qu’il y ait reproduction, parce que le décret, le projet naturel, c’est que les hommes et les femmes s’attirent pour qu’il y ait reproduction.
La nature, elle, se fiche que vous soyez ingénieur, que vous soyez machin, etc. Ce qu’elle veut, c’est, comme pour les chats, comme pour tous les autres êtres créés, qu’il y ait, jusqu’au jour du jugement, de la reproduction. Et donc, si une fois qu’elle vous donne tous les éléments pour que vous arriviez à, justement, obéir à son projet, c’est pour ça qu’il y a cette illusion. Et ensuite, ça retombe, et c’est normal. Il faut savoir s’y adapter.
Noureddy
Merci beaucoup docteur pour cette intervention.
Nader Alami
Merci beaucoup.
Noureddy
Alors, comment on vous retrouve ?
Nader Alami
Vous pouvez me retrouver facilement sur les réseaux sociaux. Instagram, Facebook, TikTok. Les gens m’écrivent pas mal sur ces réseaux sociaux-là. En tapant sur notre site celiberezvous.com. Justement célibérez-vous c’est un jeu de mots qui veut dire libérez-vous du célibat.
Noureddy
Ah bien joué ! Je ne l’ai pas vu.
Nader Alami
Chacun est libre, évidemment, mais on peut aussi se libérer du célibat. On n’est pas obligé de suivre tout le monde, voilà. Donc on peut m’écrire et pour ceux qui souhaitent nous suivre et bien sont les bienvenus.
Noureddy
Merci beaucoup docteur !
Nader Alami
Merci.
Noureddy
Je vous dis salam alaykoum wa rahmatoullah (que la paix soit sur vous).
Nader Alami
Alaykoum salam wa rahmatoullah wa barakatouh.
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